Programme National de Lutte contre les Mouches Tsé-Tsé et la Trypanosomose Animale
Une composante essentielle des efforts du Sénégal pour améliorer la santé animale et renforcer la productivité de l'élevage
Contexte et justification
La trypanosomose animale, causée par des trypanosomes de plusieurs espèces appartenant au genre Trypanosoma, est présent en Amérique du Sud, en Afrique, dans une partie de l'Asie et touche un large éventail d'animaux vertébrés.
Les mouches tsé-tsé infestent 10 millions de kilomètres carrés et touchent 37 pays, principalement en Afrique. Dans les pays d'Afrique subsaharienne, la trypanosomose animale africaine (AAT) est l'une des maladies animales les plus importantes, avec 50 millions d'animaux (bovins) exposés aux piqûres de mouches tsé-tsé infectieuses.
On connaît 31 espèces de mouches tsé-tsé appartenant au genre Glossina, les espèces et sous espèces incriminées dans la transmission de la maladie appartiennent toutes à deux groupes, le groupe Glossina morsitans d'une part, que l'on trouve généralement en savane arborée et le groupe Glossina palpalis d'autre part, qui occupe les zones des forets secondaires telles que les forets galeries et les mangroves. Un troisième groupe, Glossina fusca, limité dans sa distribution à la foret primaire, mais dont son implication dans la transmission de la maladie n'a jamais été démontrée (Cattand, 2001).
Le degré de gravité de la maladie chez les ruminants domestiques dépend de l'état de santé de l'animal et des trypanosomes infectants, Néanmoins, la trypanosomose est généralement reconnue comme une maladie grave qui peut être mortelle si elle n'est pas traitée.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que plus de trois millions de bovins meurent de trypanosomose chaque année, en outre, il y a d'importantes pertes indirectes dans le domaine du secteur de l'élevage en raison de l'avortement, l'infertilité, la perte de poids, la réduction de la traction animale et de la production laitière.
Les pertes annuelles directes liées à la TAA sont actuellement de l'ordre de 1,5 milliard de dollars US et, globalement, ont un effet de 1,5 milliard de dollars US. L'avantage financier du contrôle cette maladie a été calculée pour se situer entre moins de 500 $US par km2 à bien plus de 5 000 $ US par km2.
Pour faire face à cette situation, lors de la 36é session ordinaire du Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) tenue à Lomé (Togo) en juillet 2000, les chefs d'État et de gouvernement africains se sont entendus pour mettre en place un programme de lutter contre la tsé-tsé en Afrique, ce qui a abouti à la création de la Campagne panafricaine contre la tsé-tsé et la trypanosomiase (PATTEC).
L'initiative PATTEC a été approuvée à la réunion de l'OUA à Lusaka (Zambie) en 2001 et officiellement lancée à Ouagadougou (Burkina Faso) la même année. Pour répondre à l'initiative ¨PATTEC, le Sénégal a mis en place en 2005 par arrêté ministèreil : le Programme national de lutte contre les mouches tsé-tsé et les trypanosomoses au Sénégal (PNLTTS) avec trois composantes totalisant environ 61,000 km2.
Chaque composante est affiliée à une aire géographique : (phase 1) les Niayes, (phase 2) le Sine Saloum et (phase 3) la région de la Casamance.
- La Zone des Niayes a une surface infestée par les glossines d'environ 1000 km2 situés à cheval sur les Régions de Dakar et Thiès (Départements de Thiès et Mbour). Le financement du projet d'éradication dans cette zone, assuré par le Ministère de l'Elevage et des Productions animales (MEPA), l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), l'AIEA, les fonds PUI et le CIRAD sont acquis et les glossines y sont actuellement éradiquées sur 200 km2 et supprimées sur 400 km2 supplémentaires. L'éradication complète interviendra d'ici fin 2015.
- La zone de la Région de Fatick, Département de Foundiougne (Toubacouta, Missirah, Réserve de Fatala) sur environ 5000 km2. Cette poche a une solution de continuité avec la Gambie sur environ 5000 km2 également. Une approche sous régionale sous l'égide de la Campagne panafricaine d'éradication des mouches tsé-tsé et des tyrypanosomoses de l'Union africaine (AU-PATTEC) sera nécessaire pour assurer une action conjointe et simultanée dans ces deux pays. L'isolement génétique des populations de glossines qui s'y trouvent permet d'envisager une éradication ciblée. Cela devra toutefois être confirmé par une étude de faisabilité préalable à la lutte;
- La zone de la Casamance et du Sénégal oriental: Régions de Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Tambacounda (Départements de Tambacounda, Goudiry et Bakel) couvrant environ 50 000 km2. Dans cette zone, les populations de glossines ne sont pas isolées des pays voisins (Gambie, Mali, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry) et une solution d'éradication n'est pas envisagée
La mise en œuvre du PNLTTS a commencé par la zone des Niayes, choix justifié par la reconstitution de la population résiduelle de Glossina palpalis gambiensis dans ladite zone, après un répit consécutif aux campagnes de lutte menées dans les années 70-80.
Ce programme est coordonné par la Direction des Services vétérinaires (DSV) en partenariat avec l'Institut Sénégalaise de recherches agricole (ISRA) pour le volet Recherche. Le Centre de Suivi écologique (CSE) pour le volet Système d'Information géographique (SIG). Le Centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) apporte aussi un appui scientifique à la réalisation du Projet.
Figure 1 : Zone d'intervention du PNLTTS
Objectif global
L'objectif général du Programme est de contribuer à la lutte contre la pauvreté à travers un développement durable de l'élevage et l'amélioration de la santé des populations dans les zones concernées.
Objectifs spécifiques
L'objectif spécifique est le contrôle puis l'éradication des tsé-tsé et des trypanosomoses sur l'ensemble du territoire national.
Résultats attendus
- Renforcement des activités d'intensification avec les races exotiques pour la production laitière notamment dans la zone des Niayes
- Amélioration de la situation zoo-sanitaire des élevages traditionnels par la suppression des morbidités et des mortalités causées par la maladie
- Suppression des pertes dues à la morbidité et à la mortalité causée par la maladie
- Suppression des dépenses liées à l'achat de trypanocides
- Possibilité de mise en œuvre d'un programme d'amélioration génétique pour les élevages traditionnels
- Connaissance et application de la Technique de l'Insecte Stérile (non polluante)
- Meilleure santé des populations humaines
Phases d'Exécution du Programme
Phase I : La zone des Niayes
✅ Phase Terminée
Après la mise en place du Programme national de lutte contre les mouches tsé-tsé et les trypanosomoses au Sénégal (PNLTTS), un Projet spécifique de lutte contre les mouches tsé-tsé sans la zone des Niayes a été élaboré. Ledit projet a démarré en 2005 a été déroulé selon une approche « phases » avec des phases de préparation, pré opérationnelle et opérationnelle.
Le Projet qui vise l'éradication de la mouche tsé-tsé et partant de la trypanosomose qu'elle transmet repose sur l'utilisation de la technique de l'insecte stérile (lutte biologique) et sur l'approche « Area Wide Insect Pest management » qui permet de cibler une zone dans son intégralité. La zone ainsi définie a été divisée en mailles de 5km/5km ayant chacune un identifiant unique et en 3 blocs ainsi qu'il suit :
- Bloc 1 (275 km2): Zone de Kayar;
- Bloc 2 (525 km2) : Bargny, Pout, Sébikhotane et Sangalkam ;
- Bloc 3 (575 km2) subdivisé en bloc 3a pour Dakar et bloc 3b pour Thiès.
Figure : Les différents blocs.
Ce Projet de lutte contre la mouche tsé-tsé dans la zone des Niayes est coordonné par la Direction des Services vétérinaires (DSV) en partenariat avec l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) pour le volet Recherche et le Centre de Suivi Ecologique (CSE) pour le volet Système d'Information Géographique (SIG) et avec l'appui scientifique et technique de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) et du Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD).
Le Gouvernement du Sénégal, l'AIEA et le Gouvernement américain (à travers le Peaceful Uses Initiatives funds) en ont assuré le financement.
Ainsi, de 2007 à 2010, une étude de faisabilité (études entomologique, parasitologiques, génétiques et socio-économiques) permettant de caractérise la zone des Niayes a été menée et une base de données mise en place. Sur la base des résultats de l'étude de faisabilité qui à : (i) confirmé la présence de Glossina palpalis gambiensis sur le triangle Dakar-Thiès-Kayar et de la maladie qu'elle transmet (la trypanosomose) et (ii) prouvé le caractère isolé de la zone des Niayes par rapport aux autres zones infestées par les glossines, la première phase de lutte Programme national de lutte contre les mouches tsé-tsé et les trypanosomoses au Sénégal (PNLTTS) a démarré en 2010.
Phase II : La zone du Sine Saloum
🔄 Phase en Cours
Concerne la Région de Fatick au niveau du Département de Foundiougne (Toubacouta, Missirah, Réserve de Fatala) et s'étend sur environ 5000 km2. Cette poche a une solution de continuité avec la Gambie sur environ 5000 km2, ce qui rapporte la zone d'intervention du Projet à 10.000 Km2.
Les activités ont démarré depuis 2020 avec l'appui de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) et de l'organisation mondiale pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). La collecte des données entomologiques parasitologiques, environnementales et socio-économiques de base est en cours. Ces information permettrons de caractériser la zone et de disposer d'une situation de référence, qui est une étape clé dans le processus de mise en œuvre du projet.
Phase III : La zone de la Casamance et le Sénégal Orientation
📋 Phase Prévue
Pas encore entamée.
Ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage
Programme National de Lutte contre les Mouches Tsé-Tsé et la Trypanosomose Animale